Les moments d’ écriture sont d’un bonheur intense lorsqu’en venant s’asseoir à une table, nourri d’une idée, d’une saveur, d’une couleur, un sentiment apparaît à la lumière de mots. Ils chantent ensemble l’intention, encore dans l’ombre un instant auparavant et l’auteur la découvre sous sa plume.
Cette page, comme un miroir, sait si bien renvoyer ce que l’on ressent, ce que l’on pense, ce que l’on veut comprendre, entendre ou partager. Quand l’auteur, chargé d’émotions, offre au vide blanc de la page ce qu’il veut éclairer ou donner, la feuille est toujours là, docile, disponible, attentive et réceptive.
Il n’y a pas plus honnête que la page blanche. Elle vit les bras ouverts à la vie. Ecrire une page, en désirant entendre couler dans la lenteur, le flot intense de ses sentiments affectifs, collectifs, artistiques ou politiques, alors les mots baignent avec aisance dans la clarté des propos : le sens des profondeurs n’a pas de maquillage.
L’auteur face à une page et une page face à l’auteur, à deux ils peuvent connaître de si beaux voyages. Une page invite toujours d’autres pages, que l’auteur ignore avant de s’asseoir.
Bénédicte Giniaux – 2006
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Vers 2014
Si une journée se cache dans un pétale
une fleur dans une semaine
une branche dans un mois
une vie dans une forêt
les sous bois racontent des histoires
Si une journée se cache dans une couleur
une semaine dans un camaïeu
un mois dans un arc en ciel
une vie dans le soleil
la lune garde ses mystères
du cailloux au volcan
de la goutte d’eau à l’océan
une fourmi est amoureuse d’un éléphant
un épi de blé converse avec un coquelicot
peut-être
il me semble qu’une vie ne suffit pas à apprendre
le Respect de la Vie
Jour après jour,
vers cette nouvelle année
B.G.
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